Caractéristiques des crues du Tarn
Origine des crues et saisonnalité
Il n’y a pas de saison préférentielle pour la survenance de crues du Tarn. Ainsi, à Montauban, depuis 1766 date de début des enregistrements des crues du Tarn, on dénombre 20 crues sur la période septembre/décembre, 20 crues sur la période janvier/mars et 11 crues sur la période mars/juin.
Les crues peuvent avoir plusieurs origines météorologiques : les pluies d’hiver persistantes et à répétition, les évènements pluvieux printaniers qui prennent souvent des tournures orageuses et les averses méditerranéennes dites “épisodes cévenols”.
Toutefois, les crues les plus marquantes sont causées par les “épisodes cévenols” lors desquels des pluies intenses se concentrent sur les reliefs du haut bassin du Tarn et de certains de ses affluents (Agout, Rance, Dourdou, Sorgues).
Cette situation est à l’origine par exemple des crues de mars 1930 (crue historique de référence), décembre 1981, novembre 1982, novembre 1994, décembre 1996 et novembre 2014.
Dynamique des crues
Le caractère violent des crues du Tarn engendré par les pluies intenses lors des épisodes cévenols est aggravé pour deux raisons principales :
La forme du lit du cours d’eau : elle est très encaissée sur une grande partie de son linéaire, ce qui a pour effet de contenir les crues sans débordement et de concentrer leur énergie, avec des écoulements rapides et violents. Plus à l’aval, à partir du département du Tarn et Garonne, le lit de la rivière est plus ouvert, les crues peuvent donc déborder voire “déferler” en libérant leur énergie.
La concomitance avec les crues des affluents : en situation hydrographique “classique”, les crues des affluents se déversent dans le cours d’eau principal avant le pic de crue de ce dernier arrive. Cela n’est pas le cas sur le bassin versant du Tarn où la vitesse des écoulements en crue du Tarn fait que son onde de crue va très rapidement à la rencontre de celles de ses affluents. Ainsi, on constate régulièrement une concomitance des crues qui a pour effet d’augmenter les débits de manière brutale. Ce phénomène est d’autant plus aggravant que les affluents en rive gauche du Tarn (Agout, Rance, Dourdou, Sorgues) sont eux-mêmes soumis aux phénomènes cévenols.
Enfin, au niveau de la confluence Garonne/Tarn, la dynamique des crues du Tarn peut être également influencée par l’effet “remous” des crues de la Garonne lorsqu’elles sont concomitantes. Les écoulements du Tarn sont alors freinés, ce qui engendre des sur- hauteurs sur les niveaux d’eau de la rivière et aggrave donc les dommages des crues du Tarn.
Historique des crues marquantes
du Tarn
Le périmètre du PAPI a subi de violentes pluies qui ont fait monter les eaux le 28 novembre minuit à plus de 3m sur Montauban. La côte de 7m a été atteinte le 29 novembre à 15h. La commune de Montauban n’avait pas connu une crue de cette ampleur depuis décembre 2003.
La commune de Montauban a principalement été touchée sur ses zones basses, c’est-à-dire sur le secteur Villebourbon, rive droite du Tarn et du Tescou.
Après un mois de novembre arrosé qui a saturé les sols en eau, plus de 100mm de pluie sont relevés entre le 30 novembre et le 3 décembre. Ce qui a eu pour effet de d’engendrer une crue importante du Tarn, notamment sur le tronçon entre sa confluence avec l’Agout et celle avec l’Aveyron (une hauteur de 8.90m observée à l’échelle du Pont Vieux à Montauban), à cause de la concomitance des crues du Tarn et de l’Agout.
L’épisode pluvieux de début décembre 1996 a touché le Tarn et l’Aude. Il a été important tant par sa durée que son ampleur. D’importantes chutes de pluies ont lieu sur les Cévennes, le Sud de l’Aveyron et le Sud-Est du Tarn. En 24h, une pluviométrie de 200mm a ainsi été relevée.
La crue générée se place juste derrière celle de 1930. Ainsi, sur la commune Montauban le niveau d’eau a atteint la cote d’eau maximale de 9,50 m (au 8ème rang depuis le XVIIe siècle). Les conséquences de cet évènement représentent :
- 26 millions d’euros de dégâts
- plus de 600 habitations sinistrées sur la commune de Montauban
- et des centaines de personnes évacuées
Après un épisode cévenol, le Tarn a atteint une cote de 9m à l’échelle du Pont Vieux à Montauban, soit une crue cinquantennale (risque d’avoir une telle crue : 1 année sur 50). Le Tarn a provoqué beaucoup de dégâts sur toute la vallée.
La partie aval du périmètre du PAPI (Moissac et Castelsarrasin) a particulièrement été marquée par la crue de la Garonne, rapide et violente, qui a refoulé via le Tarn par un phénomène de remous au niveau de la confluence. Cela causa l’inondation de la commune de Castelsarrasin ainsi que de Moissac.
La crue de décembre 1930 est l’événement le plus fort connu, il constitue la référence pour la cartographie des zones inondables prises en compte dans le Plan de Prévention des Risques Inondation (PPRI).
Cette crue est dû à la combinaison de plusieurs phénomènes :
– L’hiver 1930 a été particulièrement humide causant la saturation des sols et réservoirs ;
– De la neige s’est accumulée sur les parties hautes du bassin, avant que des pluies s’y abattent notamment le 1er et le 3 mars ;
– Une chute intense de pluie de type méditerranéenne. Entre 200 et 400mm ont été mesurés sur le haut Agout et de 100 à 125 mm sur le Tarn.
Dans la nuit du 3 au 4 mars 1930, le département du Tarn-et-Garonne est englouti par les eaux du Tarn, de l’Aveyron et de la Garonne. Plus de 1.8 milliards de m3 se sont écoulés. Les digues de Moissac cèdent. Une hauteur de 11.49m de cote d’eau a été relevée au niveau du Pont-Vieux à Montauban. Le débit du Tarn est estimé à environ 5 500 à 6 000 m3/s à Montauban.
L’occurrence de cette crue à Montauban est de 140 ans, la hauteur atteinte par les eaux à l’échelle de mesure de niveaux du Pont Vieux était de 10.30m.